5 décembre 2025

Sunderland surprend tout le monde — mais pourquoi les bookmakers continuent-ils de les voir relégables ?

Aug 1, 2018; Atlanta, GA, USA; Juventus manager Massimiliano Allegri during the 2018 MLS All Star Game against the MLS All-Stars at Mercedes-Benz Stadium. Mandatory Credit: Mark J. Rebilas-USA TODAY Sports

Un départ surprenant mais fragile

Sunderland a déjoué bien des pronostics en démarrant la saison sur un rythme impressionnant : 19 points pris après 12 journées, une septième place qui fait rêver et des victoires remarquables contre des équipes de calibre (Chelsea, Wolves). Pourtant, derrière ces chiffres séduisants, la réalité statistique et le calendrier laissent un parfum d’incertitude. Avant le coup d’envoi, les Black Cats figuraient parmi les favoris à la relégation — et même si la situation a changé sur le papier, de nombreux éléments expliquent pourquoi le spectre d’une lutte pour le maintien reste tout à fait plausible.

Le mythe des 40 points : quelle cible viser ?

Historiquement, 40 points étaient considérés comme le seuil de sécurité pour se maintenir en Premier League, mais la vérité est plus nuancée : la moyenne du 17e sur les vingt dernières saisons tourne plutôt autour de 37 points. Pour atteindre ce repère, Sunderland doit encore glaner environ 20 points sur les 26 rencontres restantes. Techniquement faisable, mais rien n’est garanti — surtout si l’équipe ne parvient pas à tenir son niveau actuel face à un calendrier nettement plus corsé.

Les chiffres cachés derrière les résultats

En creusant un peu, l’enthousiasme est tempéré par les statistiques d’Expected Goals (xG). Selon les xG cumulés, Sunderland aurait dû marquer autour de 12,64 buts et en encaisser 17,12. Dans les faits, ils ont inscrit 14 buts et n’en ont concédé que 11. Autrement dit : les résultats actuels sont supérieurs à ce que le jeu réel laisse présager. Cette surperformance tient en partie à un gardien en grande forme, Robin Roefs, dont le pourcentage d’arrêt (79,2 %) dépasse largement la moyenne du championnat (environ 68,3 %). Les grandes performances individuelles peuvent masquer des faiblesses collectives… jusqu’à un certain point.

La dépendance aux exploits individuels

Quand une équipe dépasse ses xG, il y a généralement deux explications : chance ou performances individuelles exceptionnelles. Sunderland combine les deux. Roefs a sauvé les siens à plusieurs reprises, tandis que certains attaquants ont fait preuve d’un réalisme clinique. Mais la Premier League est une longue course : les chiffres de pourcentages de parades et de conversion des occasions ont tendance à se normaliser avec le temps. Si Roefs recule vers la moyenne ou si la chance tourne, Sunderland risque de chuter rapidement au classement.

Un calendrier terrifiant avant la trêve

Le vrai défi arrive maintenant : la période de fin novembre à début janvier est redoutable. Sur les neuf prochaines rencontres, Sunderland affrontera deux fois Manchester City, Liverpool, Tottenham, Newcastle et Brighton — sans oublier d’autres équipes compétitives comme Bournemouth ou Leeds. Ces matches incluent également la double rencontre contre City et la réception de Newcastle, deux rendez-vous qui peuvent coûter cher en termes de points. Si les Black Cats ne remportent pas au moins deux rencontres pendant cette séquence, leur marge de sécurité fondra comme neige au soleil.

L’impact de la CAN et la profondeur d’effectif

Autre épée de Damoclès : la Coupe d’Afrique des Nations. Sunderland pourrait perdre jusqu’à neuf joueurs lors du tournoi, ce qui déstabiliserait profondément le onze type. Avec un effectif renforcé massivement durant l’été (183,4 millions de livres dépensées), la tentation de compter sur le groupe actuel est grande — mais les moyens financiers dépensés en août ne garantissent pas qu’on pourra recruter en janvier. Or, la capacité à faire souffler les titulaires et à compenser les absences sera cruciale pendant la période hivernale.

Scénarios plausibles pour la suite

  • Optimiste : Sunderland s’appuie sur Roefs et quelques leaders pour grappiller assez de points contre les équipes du bas de tableau et se stabiliser autour de 45 points. Les absences à la CAN sont gérées, et la confiance perdure.
  • Réaliste : la forme de Roefs retombe légèrement vers la moyenne, les résultats contre les gros sont logiquement défavorables, et le club termine la saison entre 15e et 17e après une baisse progressive.
  • Pessimiste : l’enchaînement de matches face aux cadors, couplé aux départs pour la CAN et à un manque d’options en attaque quand la chance tourne, entraîne une glissade vers la zone rouge si les renforts de janvier ne sont pas là.
  • Ce que le club doit surveiller

  • La santé et la forme de Roefs : un plongeon de son pourcentage d’arrêt signifierait un retour brutal à la réalité.
  • La capacité du groupe à gagner des matches contre des équipes regroupées en bas de tableau — ce sont ces victoires-là qui font la différence sur la durée.
  • La gestion des absences liées à la CAN et la capacité du staff à maintenir un collectif compétitif malgré les départs.
  • La profondeur offensive : convertir des xG moyens en buts réguliers pour alléger la pression sur la défense.
  • Regard d’un passionné

    Suivant tous les championnats, j’adore les histoires d’outsiders qui surprennent — Sunderland est un de ces récits palpitants. Leur début de saison est admirable et prouve qu’avec une stratégie claire et de la conviction, on peut bousculer la hiérarchie. Néanmoins, en tant que fan réaliste — et supporter de clubs soumis à la pression des grands objectifs — je sais aussi que le football récompense la constance plus que l’éclat ponctuel. Sunderland a les moyens d’éviter la relégation, mais ils doivent consolider maintenant : éviter les points perdus bêtes, traverser la période de décembre sans dommages et gérer la CAN de façon intelligente. Sinon, le retour à la réalité sera brutal et rapide.