Le DFB contre-attaque après le verdict de Francfort
Le 8 juillet 2025 restera dans les annales judiciaires du football allemand : le Deutscher Fußball-Bund (DFB) a formellement interjeté appel contre l’amende infligée par le tribunal régional de Francfort-sur-le-Main dans le cadre de l’affaire dite du « Sommermärchen ». Cet épisode, qui remonte aux coulisses obscures de la Coupe du Monde 2006 organisée en Allemagne, a vu le DFB condamné pour complicité dans un système de paiements occultes et considéré comme un soutien au « système corrompu » de la FIFA.
Les faits reprochés et la condamnation initiale
En mars dernier, le tribunal de Francfort avait jugé le DFB coupable de manquements fiscaux liés aux versements non déclarés effectués par d’anciens dirigeants autour du Mondial 2006. L’amende s’élevait à 130 000 €, dont 20 000 € finalement annulés en raison d’un délai de procédure jugé trop long. La sentence a résonné comme un coup de tonnerre : pour la première fois, l’institution la plus puissante du football allemand était formellement considérée comme ayant profité de flux financiers illicites.
- La sentence : 130 000 € d’amende, dont 20 000 € effacés.
- Chef d’accusation retenu : complicité dans un système de paiements « noir » soutenant la FIFA.
- Prononciation du verdict : tribunal régional de Francfort-sur-le-Main.
- Date de la décision : environ deux semaines avant l’appel, en juin 2025.
Le tribunal a estimé que le DFB « a soutenu le système corrompu de la FIFA » et a manipulé certaines écritures comptables pour masquer l’origine et la destination de sommes importantes. La juge Eva-Marie Distler n’a pas mâché ses mots, qualifiant l’association de « perdante » dans son propre procès.
Les arguments du DFB pour justifier la révision
Dans son communiqué publié après le dépôt de la révision, le DFB insiste sur deux points clés :
- Aucun préjudice fiscal net n’aurait été constaté par l’État, contrairement à ce que laisse entendre le parquet.
- Le tribunal aurait déjà reconnu que la peine se situe « dans la partie basse » de l’échelle des sanctions possibles, preuve d’une certaine mansuétude.
Le DFB demande la consultation des motifs écrits du jugement pour décider de la stratégie à venir. Selon l’institution, le texte intégral des motifs doit préciser si les versements incriminés ont réellement généré un manque à gagner pour l’administration fiscale. Sans la version motivée du jugement, le DFB estime que l’appel reste l’unique recours pour garantir une appréciation complète et détaillée des éléments de preuve.
Une affaire qui expose les zones d’ombre du football
En tant que passionné suivi de tous les championnats, j’ai souvent observé les tensions entre éthique et argent-roi dans le football professionnel. Ce procès souligne à quel point les fédérations nationales peuvent se retrouver prises dans une mécanique financière complexe, où promotions, parrainages et paiements divers se confondent souvent. L’affaire du « Sommermärchen » n’est pas seulement un épisode juridico-financier : elle révèle les failles d’un système qui peine à instaurer une transparence réelle.
Les retombées seraient multiples :
- Perte de confiance du grand public envers la gouvernance de la DFB.
- Risques d’extension des enquêtes à d’autres dossiers de la FIFA ou d’autres fédérations.
- Pression accrue sur les dirigeants actuels pour renforcer la rigueur comptable et les procédures internes.
Le rôle du Bundesgerichtshof et le calendrier à venir
Si la révision est acceptée, ce dossier pourrait aboutir devant la première chambre criminelle du Bundesgerichtshof (BGH) à Karlsruhe. Toutefois, un examen dans cette juridiction est peu probable avant l’automne 2026, pour des raisons de procédure et de charge de travail du tribunal fédéral. Le BGH devra déterminer si le tribunal de Francfort a correctement apprécié la notion de complicité et la qualification de l’infraction fiscale.
Au-delà de la décision juridique, ce recours en révision est un message politique fort : le DFB entend défendre sa réputation et contester l’image d’une fédération ayant « soutenu » la corruption. Pour l’instant, la balle est dans le camp des juges fédéraux, mais l’épilogue judiciaire pourrait prendre encore plusieurs mois, voire plus d’un an.
Impacts sur le football allemand et européen
Cette affaire pèse sur l’image de la DFB à un moment clé, alors que l’Allemagne prépare sa candidature pour accueillir à nouveau une grande compétition internationale. Les sponsors, les fans et les institutions politiques scrutent l’évolution du dossier. Un jugement défavorable du BGH pourrait renforcer la nécessité de réformes profondes, tandis qu’un rétablissement de la DFB serait perçu comme une validation partielle du travail accompli ces dernières années pour redorer le blason de l’association.
En tant que supporter de Manchester United et du Paris Saint-Germain, j’observe avec intérêt les répercussions possibles de ce procès sur la scène européenne. L’intégrité et la réputation des fédérations nationales influencent directement les partenariats, les droits TV et le moral des supporters. Dans ce contexte, le suivi de cette révision auprès du BGH sera essentiel pour mesurer la capacité du football allemand à tirer les leçons de ses erreurs.