Un début de saison contrasté en chiffres
Viktor Gyokeres a débarqué à Arsenal pour 64 millions de livres avec l’étiquette de finisseur redoutable. Neuf journées de Premier League plus tard, ses statistiques interpellent : trois buts inscrits, zéro passe décisive, et un rendement presque calqué sur son xG (expected goals). À Sporting CP, il dépassait régulièrement ses chiffres attendus (+0,26 xG par 90 minutes), rivalisant même avec des pointures comme Erling Haaland. À Arsenal, l’écart se réduit à – 0,08, signe qu’il marque exactement ce que ses occasions lui promettent. Pour un montant aussi élevé, certains supporters s’attendaient à un impact plus décisif sur le plan comptable, mais le contexte tactique et la répartition des responsabilités expliquent en grande partie ce bilan intermédiaire.
L’influence sur le jeu d’équipe
Loin d’être une simple cible offensive, Gyokeres se distingue surtout par son travail sans ballon. Opta rapporte qu’il est le joueur de Premier League à avoir réalisé le plus grand nombre de courses offensives hors possession. En attirant constamment deux ou trois défenseurs sur ses appels en profondeur, il crée des espaces pour ses coéquipiers.
- Lors du match contre West Ham, c’est son mouvement dans la surface qui a libéré la voie au but de Declan Rice, bien que Gyokeres n’ait même pas touché le ballon.
- Face à Brighton, son pressing haut a provoqué plusieurs pertes de balle dans la moitié adverse, offrant des séquences rapides de contre.
- Contre Manchester City, il a multiplié les décrochages pour participer à la construction, soulageant la ligne arrière face aux vagues de Guardiola.
Son rôle dans le système d’Arteta ne se limite donc pas à conclure : il agit comme déclencheur d’actions, moteur de pressing et point d’appui dans le jeu combiné.
Volume de tirs et qualité des occasions
Un des points de vigilance concerne le nombre de frappes : Gyokeres a alterné entre matchs à haute intensité offensive et boucles blanches. Contre Liverpool et City, il n’a pas cadré une seule tentative en 180 minutes de jeu, révélant les limites d’un plan de jeu trop prudent dans les gros rendez-vous. Arsenal génère en moyenne 3,7 xG pour lui par match, ce qui reste satisfaisant, mais le volume de tirs (seulement 2,4 tentatives par rencontre) est inférieur à celui des attaquants les plus prolifiques du championnat. Pour Romain, passionné qui scrute chaque chiffre, il s’agit d’un indicateur à surveiller : sans davantage de tirs, comment prétendre à un rendement de top scorer ?
Gestion de la charge de travail
La mise en cause d’Arteta concerne aussi le temps de jeu imposé à Gyokeres. Avec 1 011 minutes disputées toutes compétitions confondues, il figure parmi les cadres les plus utilisés, juste derrière Gabriel Magalhães (1 065 mn) et Martin Zubimendi (1 023 mn). Dans un cycle de matchs effréné, entre Premier League et Ligue des Champions, un tel rythme peut peser sur la fraîcheur physique et la lucidité devant le but. Romain imagine que quelques rotations, notamment face à des adversaires plus abordables, aideraient le Suédois à préserver ses qualités de finition et à limiter la fatigue accumulée.
Points forts et axes d’amélioration
- Forces :
- Pressing aérien et au sol, intensité permanente.
- Mouvements en profondeur qui désorganisent les blocs adverses.
- Capacité de conservation du ballon sous pression.
- Polyvalence pied droit/pied gauche pour conclure.
- Limitations :
- Rareté des prises de risques dans la zone de vérité.
- Faible présence sur les centres aériens (seulement 0,5 duel gagné par match).
- Fâcheuse tendance à snatcher la finition sous l’effet de la fatigue.
- Moins de combinaisons avec les milieux incisifs (Eze, Rice…) depuis son arrivée.
Dans le contexte d’un Arsenal qui privilégie la possession et la construction patiente, Gyokeres doit encore gagner en spontanéité dans la surface, véritable laboratoire des grands buteurs.
Adaptation tactique nécessaire
Mikel Arteta a construit son dispositif autour de joueurs techniques et mobiles. L’arrivée de Gyokeres impose un léger virage vers davantage de verticalité et de transitions rapides : il faut désormais combiner les passes en profondeur et les un-deux dans la zone de vérité. Pour optimiser son rendement, l’Équipe des Gunners pourrait :
- Favoriser l’attaque en couloir droit, où Bukayo Saka excelle, pour lui offrir davantage de ballons à croiser en retrait.
- Alterner entre un 4-2-3-1 et un 4-3-3 plus direct lors des déplacements, afin de libérer plus tôt le jeu en attaque.
- User de passes à une touche dans les petits espaces pour jouer sur la vitesse de Gyokeres et mettre la défense adverse en mouvement.
Cette transition tactique pourrait transformer Arsenal en une machine offensive plus imprévisible et plus létale dans le dernier tiers.
Vers une implacabilité à l’image des grands buteurs ?
Certes, Viktor Gyokeres n’a pas encore les chiffres d’un Haaland ou d’un Harry Kane après dix journées, mais son profil physique et mental colle parfaitement au projet d’Arteta, qui recherche un attaquant capable de défendre dès l’avant et de créer du danger dans les espaces. Romain, fidèle observateur, reste persuadé que les prochains mois seront déterminants : si le Suédois trouve l’équation entre volume de tirs et efficacité, il pourrait devenir le trait d’union parfait entre le jeu de possession londonien et les velléités de contre-attaque.
