Fiorentina au bord du gouffre : comment les Violets ont-ils chuté si vite ?
Il faut prendre un instant pour mesurer l’abîme où se trouve aujourd’hui la Fiorentina. À peine quatre mois après le coup d’envoi de la saison 2025/26, le club toscan se retrouve en queue de peloton de la Serie A, sans la moindre victoire et déjà distancé de sept points par le premier non-relégable. Pour un club qui, ces dernières années, jouait les premiers rôles en Europe mineure — finales de Conference League à deux reprises en trois saisons et demi — cette dégringolade a de quoi surprendre, inquiéter et interroger.
Des chiffres qui font peur
La statistique la plus glaçante est sans doute celle-ci : 14 matches de championnat sans succès (6 nuls, 8 défaites) et seulement six points au compteur. Pour remettre en perspective, l’équipe est encore à huit victoires de la maigre ligne de points qu’elle accumula lors de sa dernière relégation historique en 1992/93. Avec déjà 24 buts encaissés en 14 rencontres — un bilan défensif pire que celui de la saison précédente où ils avaient concédé 40 buts sur l’ensemble du championnat — la sensation d’une équipe à la dérive sur le plan collectif se confirme match après match.
Perte de leaders offensifs et marasme devant le but
Sur le plan offensif, la chute est flagrante : Moise Kean, meilleur buteur en 2024/25 avec 19 réalisations, n’a planté que deux fois en 13 apparitions cette saison. Le recrutement est censé compenser ce manque, mais Roberto Piccoli, acheté près de 25 millions, n’a scoré qu’une fois en 12 matches et n’a même pas foulé la pelouse en Conference League. Albert Guðmundsson, autre élément-clé la saison passée, semble lui aussi hors de forme, avec seulement deux buts jusqu’ici. La conséquence est un manque cruel d’options offensives capables de faire la différence dans des rencontres serrées.
Départs estivaux mal compensés
Le mercato estival n’a pas aidé : des ventes importantes ont vidé l’effectif de certains de ses cadres. Nico González a quitté le club pour la Juventus, Michael Kayode est parti à Brentford et Sofyan Amrabat a pris la direction de la Turquie. Les remplacements — comme Robin Gosens ou Tariq Lamptey — apportent sans doute de l’énergie et de l’audace offensive, mais ils posent aussi des questions sur l’équilibre défensif. Gosens et Lamptey sont des profils plus portés vers l’attaque que vers la solidité défensive, et cela se ressent dans les statistiques d’arrière-garde.
Tensions internes et atmosphère délétère
L’album des dysfonctionnements s’enrichit de scènes révélatrices d’un malaise profond. Lors de la défaite 3-1 à Sassuolo, une querelle éclate sur qui doit tirer un penalty entre Rolando Mandragora et Moise Kean — Mandragora s’en charge et marque, mais l’incident laisse des traces. L’entraîneur Paolo Vanoli a confirmé en conférence que Guðmundsson était le tireur désigné et que celui-ci aurait refusé la responsabilité, affirmation contredite publiquement par le joueur sur les réseaux. Ces signes montrent une perte de cohésion, une difficulté de leadership et des egos qui peinent à s’aligner pour le bien collectif.
Calendrier infernal : six matches décisifs
Les prochaines semaines seront littéralement déterminantes pour la trajectoire du club : Dynamo Kyiv en Europa League, puis un déplacement capital à Hellas Vérone avant un match européen à Lausanne. Ensuite se succéderont Udinese, Parma et Cremonese — trois confrontations domestiques qui ressemblent déjà à des six-points. Le match à Vérone, face à un concurrent direct dans la zone rouge, apparaît comme l’un des tournants possibles. Une victoire pourrait offrir un répit et peut-être sauver la tête de Vanoli quelques jours de plus ; une défaite et la question de la pérennité de l’entraîneur deviendra inévitable.
Un coach menacé et un vestiaire sans boussole
Paolo Vanoli est clairement sur un siège éjectable. Quand un club passe du statut de compétiteur européen à celui d’outsider du maintien en si peu de temps, les propriétaires et la direction n’hésitent plus. L’exigence immédiate est de voir des résultats et de la cohérence tactique. Or, entre une organisation défensive défaillante, un manque d’efficience offensive et un milieu de terrain incapable de stabiliser le jeu, Vanoli doit gérer à la fois la stratégie et le feu interne — une mission presque impossible si les joueurs ne répondent pas présents.
Le danger d’une spirale négative
Le risque le plus grand reste la spirale : plus les matchs passent sans victoire, plus la confiance s’évapore, et plus les erreurs se multiplient. Les supporters, qui ont connu des moments européens excitants il n’y a pas si longtemps, voient leur équipe dégringoler et manifestent déjà leur colère. L’acoustique du stade devient hostile et cela pèse sur la performance des joueurs. Si la situation ne s’inverse pas rapidement, la perspective d’une lutte pour le maintien — voire pire, d’une descente en Serie B —, qui paraissait impensable il y a quelques mois, pourrait très bien se matérialiser.
Qu’attendre des prochains jours ?
Pour inverser la tendance, Fiorentina devra instaurer des changements concrets : retrouver une assise défensive, redonner des repères aux attaquants, et surtout recréer une discipline collective. Le club dispose encore de ressources — un effectif avec des talents, une histoire et des supporters passionnés — mais le temps presse. Les prochains matches seront une sorte d’examen de passage pour l’équipe, le staff et la direction ; l’issue de cette période pourrait décider du destin immédiat des Violets.
