Mardi soir à l’Emirates, Arsenal a vécu une de ces soirées qui cristallisent à la fois tension et foi collective : une victoire aux tirs au but 8-7 face à Crystal Palace en quart de la Carabao Cup, après un 1-1 palpitant marqué par un retournement en toute fin de match. Ce succès prolonge une série impressionnante pour les Gunners : désormais sept victoires lors des neuf derniers concours de penalties disputés. En tant que passionné qui suit tous les championnats, je vous propose de revenir sur ce qui a changé chez Arsenal, pourquoi ces séances réussissent plus souvent et quelles figures sont désormais associées à cette réussite.
La soirée : rebond et nervosité
Le scénario semblait favorable à Arsenal quand Maxence Lacroix a malencontreusement dévié le ballon dans son propre but à la 80e minute. Mais Crystal Palace n’a rien lâché et Marc Guehi, dans les arrêts de jeu, a arraché l’égalisation pour envoyer la rencontre aux tirs au but. Quinze des seize tentatives ont été transformées, un pourcentage de réussite sidérant qui témoigne de la qualité technique des tireurs des deux camps. Finalement, Kepa Arrizabalaga a réalisé l’unique arrêt décisif, offrant la qualification et prolongeant cette dynamique positive pour les hommes de Mikel Arteta.
Statistiques historiques et constats
Arsenal a participé à 27 séances de tirs au but en compétitions officielles, avec un bilan général solide : 17 victoires contre 10 défaites, soit un taux de réussite d’environ 63 %. Mais ce sont les chiffres depuis l’arrivée d’Arteta qui sautent aux yeux. Avant lui, le club avait remporté 12 de ses 20 shootouts (60 %). Sous Arteta, le ratio grimpe : cinq victoires sur sept (71,4 %). L’écart n’a l’air que de quelques points, mais il traduit une tendance claire d’amélioration, confirmée par la régularité des succès récents dans des moments décisifs.
Les artisans de ces réussites
Plusieurs joueurs se sont imposés comme des hommes de confiance quand la tension monte. Martin Ødegaard, par exemple, s’est illustré de manière incroyable : il a trouvé le fond des filets lors des cinq dernières séances de tirs au but auxquelles Arsenal a participé (contre Sporting, Manchester City, Porto, Manchester United et Crystal Palace). Avec ces cinq réalisations, il rejoint Patrick Vieira au sommet du palmarès interne, tandis que Bukayo Saka n’est plus qu’à un tir réussi derrière eux.
Sur le plan des gardiens, la victoire face à Palace permet à Kepa d’entrer dans un groupe restreint de portiers avec un bilan parfait sur une séance (1/1). Mais l’historique du club met en lumière d’autres noms : Manuel Almunia détient un palmarès remarquable avec trois succès en trois participations, et Lukasz Fabianski a lui aussi fait 2/2. Cette diversité de gardiens capables d’apporter leur pierre aux victoires aux tirs au but est révélatrice d’une culture collective forte, où la préparation mentale et technique du moment fatidique est partagée par l’ensemble du groupe.
La méthode Arteta : préparation mentale et entraînement ciblé
L’amélioration ne relève pas du hasard. Arteta a souvent insisté sur l’importance de la préparation mentale, de la discipline et de la répétition. Les séances de tirs au but ne sont plus uniquement l’affaire d’un entraînement aléatoire : elles s’intègrent à une routine globale où la psychologie tient une place centrale. Arteta a institué des rituels, encouragé la planification des tireurs selon des probabilités de réussite et travaillé la visualisation avec ses joueurs.
Il y a aussi l’aspect pratique : Arsenal a multiplié les situations de shootouts même lors de matchs amicaux ou d’exercices de présaison, ce qui a accru la familiarité des joueurs avec la pression inhérente à ces instants. Cette répétition permet de réduire l’effet de surprise et d’augmenter la confiance des tireurs, d’où un taux de conversion remarquable même dans des séances où la psychologie devrait dominer.
L’impact sur la saison et la dynamique d’équipe
Cette capacité à s’imposer aux tirs au but a des effets concrets sur la saison : elle permet de transformer des matchs équilibrés en succès, de prolonger les parcours en coupes et de maintenir la conviction collective que l’équipe peut franchir des paliers dans les moments-clés. La victoire contre Palace, par exemple, garde intacte l’ambition d’Arsenal de viser haut cette saison, entre compétitions domestiques et européennes. Chaque shootout gagné alimente la croyance du groupe, renforce la légitimité d’Arteta et crédibilise la stratégie de préparation mentale adoptée par le staff.
Risques et limites
Malgré la série favorable, compter systématiquement sur les tirs au but serait naïf. Les statistiques restent en partie issues d’un échantillon et la variance peut frapper à tout moment : un arrêté, un penalty manqué ou un gardien en grande forme adverse peuvent inverser la tendance. De plus, la dépendance à quelques leaders comme Ødegaard ou Saka pose la question de la profondeur du vivier de tireurs : blessure ou suspension d’un de ces cadres pourrait compliquer la donne. Enfin, certaines séances longues, comme celle à 16 tirs contre Palace, sollicitent énormément les nerfs et la lucidité des joueurs, ce qui peut craquer même les plus préparés.
