Un match d’Ajax interrompu puis abandonné après une « hommage » pyrotechnique qui dérape
Ce dimanche après‑midi, la Johan Cruyff Arena a vécu une scène surréaliste et dangereuse : la rencontre de l’Eredivisie opposant l’Ajax Amsterdam au FC Groningen a été d’abord suspendue après seulement cinq minutes de jeu, puis définitivement abandonnée après une reprise marquée par de nouveaux jets de fumigènes et de fusées depuis les tribunes.
Tout a commencé très tôt. Au coup d’envoi, des tifos et quelques fumigènes se sont allumés comme lors de nombreux chants et hommages de supporters. Mais la situation a rapidement dégénéré : de multiples projectiles pyrotechniques ont atterri sur la pelouse, certains ont déclenché des feux sur le gazon et plusieurs engins, manifestement plus puissants, ont été lancés vers le terrain. Le spectacle, voulu comme un hommage à un supporter décédé, a tourné à la panique et à l’incident à risque.
Le referee Bas Nijhuis a d’abord interrompu la partie à la 5e minute et renvoyé les équipes au vestiaire pendant plus de 40 minutes afin d’évaluer la situation et tenter de restaurer la sécurité. Après cette longue pause, pensant sans doute que le calme était revenu, l’arbitre a tenté de reprendre le match. Mais dès la remise en jeu, des supporters ont recommencé à allumer des artifices, et la fumée a vite envahi l’enceinte. Les joueurs de l’Ajax, menés par leur capitaine Davy Klaassen, sont apparus sidérés et ont gesticulé vers les tribunes pour demander l’arrêt des jets.
Confronté à des risques manifestes pour l’intégrité physique des joueurs et du staff — des fumées toxiques, des braises sur la pelouse et le fracas des engins — Nijhuis a pris la décision irrévocable d’arrêter la rencontre : « Je ne peux plus garantir la sécurité des joueurs », a‑t‑il déclaré selon les comptes rendus du match. Un choix dicté par l’urgence et la responsabilité, face à un public dont une frange a transformé l’hommage en danger public.
Réactions et responsabilités : où placer la limite entre hommage et mise en danger ?
Les images de la pelouse avec des fumées et des braises ont choqué. Les supporters de l’Ajax, fiers de leurs traditions de supporterisme, ont voulu rendre hommage à un fan décédé — geste compréhensible et humain. Mais l’usage massif de pyrotechnie dans un stade fermé présente des risques évidents : incendie, inhalation de fumées, explosion d’engins artisanaux, et panique générale. Plusieurs voix, y compris dans les médias et parmi les autorités du football néerlandais, estiment aujourd’hui que la commémoration a dépassé les limites de la légalité et de la sécurité.
Ce match n’est pas un cas isolé : il fait suite à un précédent en début de mois où une rencontre de l’Ajax contre Heerenveen avait déjà été interrompue pour des raisons similaires. La répétition de ces incidents interroge la capacité du club à maîtriser ses gradins et la nécessité, pour la fédération et les autorités locales, d’agir rapidement sur les sanctions et les dispositifs de prévention.
Conséquences sportives et administratives probables
Les joueurs et le staff face à l’incertitude
Sur le terrain, la réaction des joueurs témoigne d’un mélange d’incompréhension et d’inquiétude. Les gestes de Klaassen et de ses coéquipiers vers les tribunes montrent bien que la sécurité du groupe était compromise. Les staffs médicaux et techniques ont dû évaluer l’exposition à la fumée et les risques de brûlures. Du côté de Groningen, l’équipe visiteuse s’est retrouvée prise dans une situation inattendue et dangereuse alors qu’elle venait pour un déplacement de championnat sans autre forme d’hostilité.
Pour les supporters qui vivent le match comme un rituel familial et populaire, l’ambiance a été brisée. Beaucoup d’entre eux ne soutiennent pas ces pratiques extrêmes et se retrouvent privés d’un spectacle sportif pour lequel ils sont venus. Les familles, les enfants et les abonnés réguliers, nombreux dans les tribunes, se retrouvent ainsi pénalisés par des actions d’une minorité.
En attendant la suite
Il appartient désormais aux instances du football néerlandais et au club de faire la lumière sur les responsabilités précises et d’annoncer des mesures concrètes. Le calendrier devra être adapté pour reprogrammer le match, et la sécurité des prochaines rencontres sera scrutée de près. L’épisode pose des questions de fond : comment concilier l’expression passionnée des supporters avec les impératifs de sécurité ? Quelles mesures dissuasives peuvent être mises en place sans aliéner le public ?
En tant qu’observateur et passionné, je reste attentif aux décisions qui seront prises : elles détermineront si le football néerlandais saura protéger ses joueurs et ses spectateurs tout en préservant la ferveur qui fait l’âme des stades.