Une assemblée générale sous haute tension
Le 2 novembre 2025, l’Allianz Arena vibrait moins pour un but spectaculaire que pour les débats passionnés de la Jahreshauptversammlung du FC Bayern. À l’ordre du jour : la polémique grandissante autour du partenariat avec la compagnie aérienne Emirates. De nombreuses voix critiques se sont fait entendre, bousculant la direction du club recordman de titres en Bundesliga.
Le poids d’un partenariat majeur
Depuis 2018, Emirates est l’un des partenaires officiels du FC Bayern, avec un contrat courant jusqu’en 2023 et prolongé en août dernier. Pour le club, ce partenariat représente :
- Un apport financier estimé à 5 millions d’euros par an, réinvestis dans le développement sportif et infrastructures.
- Une présence visible dans l’enceinte munichoise grâce aux panneaux publicitaires autour du terrain.
- Une collaboration institutionnelle dans le cadre d’événements promotionnels et de voyages officiels du club.
Forcément, face aux montants en jeu, chaque critique pèse sur l’image et l’équilibre budgétaire du champion d’Allemagne.
Une critique cinglante portée par un membre
Michael Ott, adhérent au club et représentant de la voix des socios, est monté au créneau pour dénoncer le « choix moral » d’un tel sponsor. Lors de son intervention, il a rappelé :
- Les accusations contre les milices RSF au Soudan, soutenues par l’État des Émirats arabes unis.
- Le précédent opposant déjà Qatar Airways, un autre partenaire qatari, à la politique de transparence et de droits humains prônée par le Bayern.
- L’engagement sociétal du club, jugé incompatible avec une industrie dont la stratégie financière repose sur le mécénat étatique.
« Comment notre club peut-il se faire le porte-voix d’un régime dont les méthodes sont aux antipodes de nos valeurs ? » a-t-il lancé sous les regards attentifs des membres.
La réponse ferme de Herbert Hainer et Jan-Christian Dreesen
Herbert Hainer, président et président du conseil de surveillance, a reconnu la complexité de la situation : « Nous sommes conscients que dans nos partenariats, il existe des enjeux politiques et sociétaux. » Afin de couper court aux polémiques, il a délégué la dimension géopolitique à la sphère politique :
- « Nous ne répondrons pas à des questions que seuls les gouvernements peuvent trancher. »
- Jan-Christian Dreesen, CEO du club, a insisté sur la nécessité de préserver la stabilité financière : « Le sport professionnel dépend de nos ressources financières ; sans elles, nous ne pourrions pas exister. »
Le message est clair : l’éthique se heurte aux réalités économiques d’un club aux ambitions continentales.
Comparaison avec d’autres géants européens
À l’international, le Bayern n’est pas le seul grand club à jongler avec les dilemmes moraux liés aux sponsors :
- À Manchester United, l’accord avec DHL ou TeamViewer soulève rarement de questions éthiques, mais les partenariats avec des entreprises chinoises ont déjà fait débat.
- Le Paris Saint-Germain, quant à lui, entretient une relation avec Qatar Airways et QNB (banque nationale du Qatar), pointés du doigt pour les mêmes motifs de droits de l’homme.
- En Espagne, le FC Barcelone a récemment renégocié son contrat avec Spotify pour davantage de transparence sur les revenus.
Ces exemples montrent que tous les clubs majeurs doivent arbitrer entre valeurs et sources de financement.
Les enjeux pour l’image et les finances du Bayern
Le FC Bayern doit désormais répondre à deux défis majeurs :
- Préserver ses revenus perçus via Emirates pour rester compétitif sur le marché des transferts.
- Replacer le club dans une dynamique respectant ses engagements éthiques, notamment en matière de droits humains.
Dans un paysage footballistique où l’opinion publique et l’activisme jouent un rôle grandissant, la moindre dissonance entre discours et actes peut laisser des cicatrices difficiles à effacer.
Le supporteur face à la réalité économique
En tant que grand fan de football, supporter de Manchester City et du Paris Saint-Germain, j’observe cette querelle avec intérêt et une pointe de compréhension. Les clubs de très haut niveau, quels qu’ils soient, sont confrontés à une équation délicate : comment marier l’éthique, l’engagement sociétal et la nécessité de gros contrats pour financer des transferts et des infrastructures à plusieurs centaines de millions d’euros ?
Le FC Bayern, comme ses homologues européens, devra trouver un juste milieu pour continuer à briller sur le terrain sans trahir ses responsabilités envers ses membres et la société civile.
