5 décembre 2025

Liverpool au bord du gouffre : la leçon secrète de Klopp qu’Arne Slot doit appliquer maintenant

La déconvenue de Liverpool à Eindhoven a résonné comme un mauvais écho du passé. Voir les Reds sombrer 4-1 face au PSV, dans un match qui a mis en lumière des lacunes structurelles et mentales, rappelle cruellement la période noire traversée sous Jürgen Klopp en 2021. Sauf que le contexte, les hommes et les réponses à apporter sont différents : Arne Slot hérite d’un vestiaire transformé, avec des profils nouveaux et des exigences encore plus élevées. En tant que passionné qui suit chaque rencontre, j’ai regardé ce match en pensant aux parallèles évidents — et aux leçons concrètes que Slot pourrait tirer de l’expérience kloppienne.

Des statistiques trompeuses, une crise bien réelle

Ne vous y trompez pas : neuf défaites en douze matches, c’est plus qu’un simple mauvais passage. C’est la pire série de la carrière de Slot, et la réaction collective a été pauvre. Comme Klopp en 2021, Slot a pointé le manque d’efficacité offensive et l’instabilité défensive : « Nous ne marquons pas et on encaisse au moins un but », une sentence simple mais implacable. Pourtant, si Klopp avait dû composer avec des stades vides et un nombre hallucinant de duos centraux différents — jusqu’à 20 partenaires en défense centrale cette saison-là — Slot dispose aujourd’hui d’un effectif plus fourni, au moins sur le papier.

Les blessures et les faiblesses individuelles pèsent

La situation de Liverpool en 2025 est marquée par des absences répétées et des joueurs hors de forme au pire moment : la perte longue durée de Giovanni Leoni, les doutes autour de Joe Gomez, la forme fluctuante d’Ibrahima Konaté, et des latéraux touchés (Conor Bradley, Jeremie Frimpong). Ces problèmes forcent Slot à bricoler, à placer des milieux au poste d’arrière droit (Szoboszlai, Endo, Jones) et à redistribuer les rôles. Le résultat : une équipe moins lisible, des automatismes brouillés et une défense qui cède sur des erreurs évitables — comme la passe manquée de Konaté ayant abouti au troisième but du PSV.

Ce que Klopp a fait et que Slot pourrait adapter

Klopp, en 2021, n’a pas bouleversé son modèle : il a cherché des solutions spécialisées, parfois en s’appuyant sur des prêts (Ozan Kabak) ou en faisant confiance à des profils du cru (Nat Phillips, Rhys Williams). L’idée clé est d’utiliser des spécialistes pour des problèmes spécifiques plutôt que d’employer des joueurs à contre-emploi. Slot, lui, semble hésiter entre attendre le retour de certitudes et faire confiance à des alternatives internes ou externes. Or, certaines pistes mériteraient d’être explorées :

  • Sevrer Konaté de responsabilités pendant un temps pour le remettre en confiance.
  • Intégrer davantage Joe Gomez, notamment au poste de latéral droit, dès qu’il est pleinement rétabli.
  • Ouvrir la porte aux jeunes prometteurs de l’académie pour des postes spécifiques, comme Trent l’avait fait jadis (référence au cas Alexander-Arnold).
  • La gestion des ego et de la pression : un point capital

    Klopp avait su, lors de sa crise, recentrer l’équipe sur l’objectif du match suivant plutôt que sur le grand angle des attentes. Mohamed Salah l’avait résumé : « Il ne faut pas regarder le tableau d’ensemble, juste jouer. » Slot a tenu des propos presque plus introspectifs, avouant une « culpabilité » face à la situation et parlant d’un malaise « presque ridicule ». Cette tournure montre qu’il porte le poids de l’histoire du club et de l’attente, mais elle risque aussi d’installer une anxiété collective si elle n’est pas traduite en actions concrètes.

    Des ressources encore exploitables pour Slot

    Malgré tout, la comparaison avec 2021 joue en la faveur de Slot sur un point : la profondeur d’effectif. Là où Klopp manquait de solutions, Slot peut au moins prétendre avoir des alternatives. Szoboszlai, malgré son positionnement parfois inadapté en défense, demeure l’un des rares à apporter pressing, énergie et capacité de transition. L’enjeu est de le replacer à sa juste valeur, et non de l’épuiser en tâches trop défensives qui annihilent son influence offensive.

    Questions tactiques à résoudre

    La flexibilité est une qualité, mais elle devient un défaut quand elle empêche l’équipe d’avoir une identité claire. Slot doit décider s’il persiste à bricoler des solutions temporaires ou s’il opte pour une refonte tactique plus audacieuse qui stabilise les rôles. Quelques pistes :

  • Revenir à des automatismes simples : un plan de jeu clair où chaque joueur sait exactement sa responsabilité.
  • Faire des ajustements ciblés en défense, avec des recrutements courts si nécessaire, ou une promotion graduée des jeunes pour apporter du sang neuf.
  • Redistribuer les rôles offensifs pour libérer Szoboszlai et laisser les latéraux retrouver leur position naturelle.
  • L’urgence européenne et le calendrier à venir

    L’élimination partielle de la tranquillité en Champions League complique encore les choses : les déplacements à Inter Milan et Marseille s’annoncent piégeux. Là encore, Klopp avait trouvé dans la C1 un espace de redressement psychologique en 2021 (victoire-clef à Leipzig), un scénario que Slot aurait espéré reproduire avant la gifle subie à Eindhoven. Sans refuge européen, la pression retombe entièrement sur le quotidien des performances en championnat, où chaque point perdu fait monter la fièvre à Anfield.

    En somme, Slot peut tirer deux grands enseignements de la période Klopp : privilégier des solutions spécialisées aux postes en crise et recentrer l’équipe sur l’immédiat (un but, un clean sheet). Mais il doit aussi faire preuve de sang-froid politique : mixer confiance aux jeunes, rotation intelligente et, si nécessaire, intervention sur le marché pour corriger des faiblesses structurelles. Le plus important reste la capacité du groupe à retrouver une routine de victoire — et vite — pour éviter que la crise ne s’enracine davantage.