Depuis le spectaculaire 3-3 face à Barcelone en phase de poules de la Ligue des champions, tous les regards se tournent vers l’homme qui gronde sur le bord du terrain : Nicky Hayen. À 45 ans, ce technicien belge s’est affirmé à Bruges par une ascension progressive, un sens tactique poussé et une capacité à tirer le meilleur de ses joueurs. Voici l’épopée d’un coach pas comme les autres.
Des terrains belges aux stades d’Europe
Originaire de Sint-Truiden, Nicky Hayen a d’abord fait parler de lui comme joueur. Milieu de terrain reconverti en latéral ou en relayeur, il a enchaîné :
- 243 matchs avec son club formateur de Sint-Truiden ;
- des passages en prêt ou en transfert dans divers clubs belges et hollandais ;
Mais à 33 ans, il sent que sa carrière doit passer à la vitesse supérieure. Plutôt que d’accepter un rôle mineur en tant que joueur, il se lance dans le coaching. Sa première expérience ? Un poste de player-coach au Dender, en troisième division, qui s’achève six mois plus tard. Le verdict est sans appel : Hayen doit se réinventer.
La révélation Najran et l’école Marc Brys
Lorsque Marc Brys, son ancien mentor, l’appelle pour rejoindre le staff de Najran en Arabie saoudite, Hayen saisit sa chance. Il enchaîne ensuite à Al-Raed, gagne en aisance tactique et découvre les exigences d’un football cosmopolite. De retour en Belgique, il passe par :
- KVK Tienen et ASV Geel, où il affine ses schémas offensifs ;
- Une brève mission de formation à Berchem Sport ;
- Un travail de développement des jeunes à Sint-Truiden, avant une éphémère nomination comme caretaker, rapidement avortée.
Son visage s’éclaircit enfin lors de son passage à Waasland-Beveren puis en tant qu’entraîneur d’Haverfordwest County, au Pays de Galles, où il transforme un modeste pensionnaire de deuxième division en machine à marquer. Cette prouesse lui vaut d’attirer l’attention de Club Brugge.
Un coach modularité et pragmatisme
À Bruges, Nicky Hayen déploie un 4-2-3-1 solide mais jamais figé. Sa tactique repose sur :
- Une défense compacte en 4-4-2 face aux géants : buffering du bloc bas et transition rapide ;
- Une animation offensive riche en permutations : full-backs haut perchés et milieu relayeur libéré ;
- Un pressing sélectif : Hayen n’impose pas le harcèlement constant, mais déclenche des actions pressantes dans des zones précises pour récupérer haut.
Lorsqu’il fait face à un adversaire adepte du pressing intense, il ose le jeu long diagonal pour éviter l’étau. Contre les équipes qui monopolisent la possession, Bruges adopte un schéma resserré, prêt à dégainer en contre. Ce grand écart tactique, maîtrisé sur chaque rencontre, lui a permis d’emmener le Club vers les huitièmes de finale de la C1 et de défendre chèrement sa deuxième place en championnat.
Le management : mesure et exigence
Plus qu’un stratège, Hayen est un coach-psychologue. Ses piliers :
- Une rigueur de tous les instants, qu’il partage en travaillant lui-même sans relâche sur le terrain et à la vidéo ;
- Une parole posée et motivante, à l’opposé du sempiternel hurleur de vestiaire ;
- Une connaissance intime de chaque joueur, qu’il adapte à son plan de jeu plutôt que d’imposer une tactique rigide.
Résultat : les cadres l’estiment pour son respect, les jeunes apprécient son écoute, et l’effectif entier gagne en confiance lorsqu’il déploie son plan de match.
Vers de nouveaux horizons ?
Sous contrat avec Bruges, Hayen devra pourtant trancher son avenir. Son palmarès en Belgique et son portrait de coach flexible attirent déjà des émissaires : l’Allemagne, terre de football pragmatique, pourrait être le prochain terrain de jeu idéal. Son profil rappelle celui de Vincent Kompany, Philippe Clement ou Arne Slot : partis d’un championnat de taille moyenne pour viser les grandes écuries européennes.
Reste à savoir si le natif de Sint-Truiden signera une nouvelle page ou poursuivra l’écriture de sa légende à Bruges. Mais une chose est sûre : son nom s’inscrit désormais au palmarès des techniciens à suivre de très près.