18 décembre 2025

Peter Lawwell quitte Celtic : le vrai scandale derrière ses 38 trophées dévoilé

General view of the stadium before the William Hill Premiership match at Celtic Park, Glasgow. Picture date: Sunday August 3, 2025.

Peter Lawwell, après plus de deux décennies au cœur de Celtic FC, a annoncé qu’il quittera son poste de président à la fin de l’année, provoquant un mélange d’émotions chez les supporters et dans l’environnement du club. Pour beaucoup, son nom restera associé à une ère de domination domestique inédite ; pour d’autres, son départ symbolise l’échec à transformer cette mainmise nationale en réussite européenne durable.

La décision de Lawwell de se retirer a été officialisée par le club et prendra effet le 31 décembre. Officiellement, elle intervient après une période marquée par une montée des tensions entre la direction et une partie importante des fans, qui n’ont pas hésité à exprimer leur mécontentement lors de l’assemblée générale du club et à manifester de manière régulière les jours de match. Ces désaccords se sont intensifiés après un été de mercato jugé décevant, des éliminations précoces en qualifications de Ligue des champions et la démission de Brendan Rodgers, qui ont tous contribué à l’image d’un club en crise malgré un palmarès récent impressionnant.

Un bilan riche en trophées, mais sujet à débat

Sur le papier, le passage de Peter Lawwell au sommet de Celtic est impressionnant. Ayant été directeur général de 2003 à 2021 puis président non-exécutif depuis janvier 2023, il a vu le club remporter 38 titres et réaliser cinq doubles domestiques, dont un record mondial de quatre doubles consécutifs. Sous sa supervision ont également été menés des investissements structurels, comme le développement du centre d’entraînement de Lennoxtown. En décembre de l’année précédente, Celtic a même dépassé Rangers pour redevenir le club le plus titré d’Écosse, inversant ainsi un héritage historique.

Pourtant, cette réussite comptable n’a jamais totalement dissipé la critique. La période où Rangers avait été relégué pour cause de liquidation a offert un contexte anormalement favorable à Celtic, permettant des succès répétés dans des compétitions domestiques dont l’opposition était affaiblie. Pour beaucoup de supporters, la vraie mesure du progrès aurait dû être une avancée européenne significative — un objectif auquel le club n’est jamais réellement parvenu sous la présidence de Lawwell.

Les failles révélées par l’Europe

Le talon d’Achille de Celtic au cours des dernières années reste sa performance sur la scène continentale. Le club n’a pas remporté de match à élimination directe européen depuis avril 2003, un fait qui pèse lourd dans l’opinion publique. Pires encore ont été les éliminations lors de tours de qualifications contre des équipes supposées inférieures sur le papier, telles que Maribor, Cluj ou Kairat Almaty, échecs qui ont profondément irrité une base de supporters exigeante.

Ces déconvenues continentales ont souvent coïncidé avec des fenêtres de recrutement jugées insuffisantes par les tifosi. La stratégie de transfert prônée sous Lawwell — acheter des talents abordables, les développer puis les revendre avec plus-value — a permis de stabiliser les finances (avec des réserves importantes annoncées), mais a aussi produit un lot conséquent de réussites mitigées. Des ventes fructueuses comme celles de Matt O’Riley ou de Nicholas Kühn ont été contrebalancées par des recrutements ratés, donnant l’impression d’une politique parfois incohérente et manquant d’ambition pour franchir un palier européen.

Transferts : modèle économique vs exigence sportive

Le modèle « buy low, sell high » peut être salutaire sur le plan financier, et Celtic en a tiré des bénéfices évidents. La trésorerie confortable du club témoigne d’une gestion prudente et efficace. Néanmoins, pour une institution du calibre de Celtic, les supporters attendent une stratégie qui allie rentabilité et compétitivité : un effectif capable de rivaliser avec les meilleures équipes du continent. Trop souvent, les choix de recrutement ont semblé privilégier la sécurité économique à une montée en puissance sportive nécessaire pour atteindre régulièrement la phase de groupes de la Ligue des champions et y prétendre à des exploits.

Les raisons humaines du départ

Au-delà des éléments purement sportifs et financiers, Lawwell a explicitement évoqué une recrudescence d’abus « intolérables », qui l’ont conduit à prendre la décision de partir. La pression médiatique et les agressions verbales à l’encontre des dirigeants ne sont pas un élément à négliger : elles reflètent la fracture profonde entre une partie des supporters et l’instance dirigeante. Si la critique fait partie du sport, la ligne a apparemment été franchie pour Lawwell, qui a choisi de partir plutôt que de continuer dans un climat qu’il a jugé toxique.

Quel avenir pour Celtic sans Lawwell ?

Le départ de Lawwell laisse Celtic dans une position paradoxale : un club plus solide financièrement que beaucoup, mais fragilisé sur le plan de l’image, des relations avec ses supporters et de la compétitivité européenne. Le nouveau coach, Wilfried Nancy, hérite d’un projet à redéfinir rapidement. La fenêtre de mercato de janvier prend une importance capitale : renforcer l’ossature de l’équipe sera indispensable si Celtic veut défendre son titre national et, surtout, recommencer à viser des performances crédibles sur la scène européenne.

Sur le plan institutionnel, la relation entre la direction et une frange importante des supporters restera tendue tant que des réformes visibles ne seront pas engagées. Pour certains, Lawwell n’est que le premier départ nécessaire ; pour d’autres, son bilan incontestablement riche en trophées mérite respect et gratitude. La vérité se situera probablement quelque part entre ces deux lectures, et le vrai verdict appartiendra au terrain, dans les mois et les saisons à venir.