Un constat sans concession
Depuis sa première montée en Bundesliga en 2016, le RB Leipzig s’était imposé comme un prétendant régulier au haut de tableau allemand et un habitué des joutes européennes. Mais la saison 2024/25 a été une véritable désillusion : pour la première fois, le club de la Red-Bull-Arena ne disputera aucun des trois grands rendez-vous continentaux. Privés des recettes de la Ligue des champions, les Leipzigois doivent désormais repenser leur modèle et leur identité footballistique.
Jürgen Klopp : un renfort stratégique
Recruté début 2025 comme Global Head of Soccer, Jürgen Klopp n’est pas venu pour rester spectateur. Dès la reprise, l’ancien entraîneur de Liverpool a investi le terrain d’entraînement, observant et conseillant sans jamais décrédibiliser Ole Werner, le nouveau coach chargé de l’ambitieux chantier. Klopp le résume ainsi : « Ce n’est pas tant ce que vous avez déjà gagné que ce que vous parvenez à tirer du potentiel de l’équipe. » Son rôle ne se limitera pas à un simple mentorat : il coache, motive et impulse une vision offensive qui a fait ses preuves.
Le défi du « football RB »
Le RB Leipzig s’est longtemps distingué par un style offensif huilé : pressing haut, transversales rapides et appuis constants. Mais la dernière saison a révélé des lacunes défensives criantes : 48 buts encaissés en 34 journées (et 54 xG) constituent un point noir pour un club aspirant à la Ligue des champions. Werner et son staff mettent désormais l’accent sur :
- Un bloc bien organisé et compact, capable de réagir collectivement sans ballon.
- Une transition défensive plus agressive, limitant les espaces dans les trente derniers mètres.
- Une construction patiente, pour ne plus compter uniquement sur la récupération haute.
L’équilibre entre intensité et maîtrise doit redevenir la marque de fabrique des Roten Bullen.
Recruter à 360° : la stratégie jeune
Privé des revenus européens, Leipzig a déjà engagé près de 100 millions d’euros dans un remodelage d’effectif. L’objectif : bâtir un noyau jeune, dynamique et malléable tactiquement. Parmi les arrivées phares :
- Max Finkgräfe (4 M€) : latéral gauche venu du FC Köln, rapide et précis dans ses montées.
- Ezechiel Banzuzi (16 M€) : midfielder box-to-box hollandais, doté d’une excellente vista.
- Yan Diomande (20 M€) : ailier prometteur de Leganés, 18 ans, déjà percutant en D2 espagnole.
- Johan Bakayoko (18 M€) : attaquant polyvalent de 22 ans, formé au PSV Eindhoven.
- Andrija Maksimovic (14 M€) : jeune Serbe de Belgrade, déjà solide dans les duels aériens.
RB Leipzig mise donc sur la vitesse et la fougue de ces générations montantes pour renouer avec l’attractivité tactique et la combativité qui les caractérisaient.
Un mercato transformant
Côté départs, le club ne s’est pas encore privé de ses têtes d’affiche, mais la donne pourrait évoluer rapidement. Yussuf Poulsen est en passe de rejoindre Hambourg, et Ilaix Moriba a officialisé son transfert à Celta Vigo après plusieurs prêts infructueux. Quant aux cas de Timo Werner et Xavi Simons, tous deux auteur d’un bilan honnête la saison passée, leur avenir reste incertain : une vente prudente pourrait équilibrer les comptes du club.
Benjamin Sesko, l’espoir slovène, est également courtisé, ce qui oblige Leipzig à définir en urgence les contours d’un projet sportif cohérent, capable de retenir ou de remplacer ses éléments clés.
Les défis à relever pour Ole Werner
À 36 ans, Ole Werner doit panser les plaies d’une équipe en perte de repères tout en donnant corps aux ambitions d’un sommet européen qui s’éloigne. Ses priorités :
- Instaurer une discipline défensive et une rigueur tactique sans étouffer la créativité.
- Manager un effectif rajeuni, soucieux de progresser individuellement et collectivement.
- Collaboration étroite avec Klopp pour transposer l’expérience gagnante de Liverpool au contexte saxon.
- Soutien d’un staff renouvelé : nouveau physio, analyste Tom Cichon et même une coach mindset/yoga, Julia Woellner.
Pour Romain, passionné de tous les championnats et supporter de Manchester et du Paris Saint-Germain, ce projet Leipzig constitue un cas d’école : comment rebâtir une identité forte à partir d’un échec européen, tout en garantissant stabilité financière et ferveur sportive ? Les mois à venir seront décisifs pour juger de l’ambition réelle de Leipzig et de la maturité d’Ole Werner à faire renaître l’esprit conquérant des Roten Bullen.