Ce mardi soir, au New Lawn de Nailsworth, Robbie Savage a une nouvelle fois prouvé qu’il n’était pas seulement un ancien milieu de terrain fantasque, mais aussi un manager capable d’amener sa touche de provocation jusque dans les règlements. Dès la 1ʹ de la rencontre de la National League Cup contre Wolverhampton Wanderers U21, le technicien de Forest Green Rovers a lancé quatre remplacements, déclenchant un tollé médiatique sur la légalité et l’éthique de sa manœuvre.
Un début de saison canon pour Savage
Depuis sa prise de fonction en juillet, Savage a instauré une dynamique positive au sein du club de Gloucestershire :
- Huit victoires en onze matchs officiels.
- Trois nuls et aucune défaite.
- Un football attractif qui séduit les 317 supporters présents face à Wolves U21.
En tant que passionné de football, suivant avec assiduité Manchester City et le PSG, j’admire la capacité de certains entraîneurs à innover. Mais, lorsqu’il s’agit de jouer avec les règles, la frontière entre créativité tactique et contournement assumé devient ténue.
Les faits : quatre changements en 60 secondes
Après avoir mené 3-2 grâce aux buts de José Márquez, Isaac Moore et Harry Cardwell, Forest Green a vu son manager effectuer un quadruple coup d’éclat. Neil Kengni, Abraham Kanu, Tom Knowles et Kyle McAllister, titulaires parce qu’ils avaient démarré le déplacement à Scunthorpe, ont été remplacés d’un seul trait en toute première minute par :
- Akai Bonnick
- William Merrett
- James Balagizi
- Yahya Bamba
L’échange a été annoncé sobrement par le club sur les réseaux sociaux : « 1ʹ | Early switches for Rovers », sans mentionner la polémique dans le compte-rendu officiel. Pourtant, ce geste n’était pas improvisé.
La faille dans le règlement de la National League Cup
Le calcul est simple et particulièrement malin. Les directives prévoient que chaque équipe de National League doit aligner au minimum quatre joueurs ayant participé au précédent match de championnat. Forest Green a coché les cases en titularisant Kengni, Kanu, Knowles et McAllister, puis a immédiatement respecté la lettre du règlement en les sortant dès le coup d’envoi.
Cette astuce permet :
- De préserver la fraîcheur de ses cadres pour le championnat.
- D’offrir du temps de jeu à de jeunes talents issus du centre de formation.
- De contourner l’esprit de la compétition, qui vise à sécuriser l’engagement des clubs non-ligue.
Une tactique qui interroge l’éthique sportive
Certains observateurs saluent l’ingéniosité de Savage, qui pousse son effectif dans ses retranchements. D’autres dénoncent un dévoiement de l’esprit de la compétition, réservée à confronter des clubs seniors à des équipes U21 de Premier League. En tant que fervent supporter de Paris et de Manchester, j’estime que l’innovation doit respecter le fair-play.
Dans l’après-match, l’entraîneur n’a pas esquivé la controverse. Il a retweeté un commentaire de la BBC Match of the Day : « Just the FOUR substitutions in the opening minute », avant de déclarer aux médias internes : « On va avoir du mal à composer l’équipe pour samedi. »
Rochdale avait tenté le même coup
Forest Green n’a pas le monopole de cette manœuvre. Rochdale a déjà expérimenté deux changements en tout début de match contre Blackburn U21, se fondant sur le même article du règlement. La récurrence de ces pratiques pousse la National League à envisager un ajustement des textes pour fermer la porte à de tels “coups de maître”.
Avantages et limites de la rotation éclair
Pour Savage, l’objectif est clair :
- Optimiser la condition physique de ses titulaires lors des échéances de championnat.
- Tester de jeunes joueurs en situation de match sans risque sur le score.
- Envoyer un message fort à son staff et à l’adversaire : la rigueur tactique prime.
Cependant, ce système peut désorienter les joueurs sortants, sentir l’injustice, et provoquer une remise en question de la valeur de cette compétition. Les responsables de la National League devront trancher rapidement pour préserver la crédibilité du trophée et l’équilibre entre performance et formation.
Un coup de projecteur pour l’académie
Malgré la polémique, le geste de Savage a mis en lumière sept joueurs issus de l’académie. Le manager a salué leur prestation : « Bravo à Ian, Mike et tout le staff de l’académie, vous pouvez être fiers. » En offrant du temps de jeu à Akai Bonnick et ses partenaires, Forest Green confirme son ambition de faire émerger de nouveaux talents.
Encore une soirée mémorable pour Savage
En seulement quelques mois à la tête de Forest Green, Robbie Savage démontre son envie de secouer le cocotier du football non-ligue. Entre audace réglementaire et recherche de performance, il impose sa philosophie, quitte à enflammer les débats. Pour moi, amateur de football à l’âme citadine, cette stratégie audacieuse rappelle que l’innovation peut naître même dans les compétitions les moins médiatisées.