Wilfried Nancy arrive à Celtic Park avec la mission claire de relancer un géant écossais qui a vacillé cette saison. Après un début de championnat en dents de scie et la démission surprise de Brendan Rodgers, Martin O’Neill a stabilisé provisoirement l’équipe, mais c’est désormais au Français de transformer cette accalmie en trajectoire victorieuse durable. À 48 ans, l’ancien coach de Montréal CF récupère un club toujours en course sur plusieurs tableaux : championnat, Coupe nationale et Europa League. Son bilan immédiat dépendra autant de sa capacité à structurer un staff fiable que de sa marge de manœuvre sur le mercato d’hiver.
Consolider l’équipe technique : priorité numéro un
Nancy n’arrive pas sans ses hommes. Kwame Ampadu, Jules Guéguen et Maxime Chalier — respectivement préparateur, coach physique et spécialiste vidéo — l’accompagnent depuis Columbus Crew, signe d’une relation de travail étroite et rassurante pour entamer ce nouveau chapitre. Cette cohérence technique doit permettre une transition rapide au sein du vestiaire. Toutefois, un point crucial reste en suspens : Nancy intégrera-t-il un membre du paysage footballistique écossais pour faciliter l’adaptation locale ? Il ne s’agira pas de remplacer O’Neill, mais plutôt de trouver un relais culturel et structurel — quelqu’un comme Shaun Maloney ou Mark Fotheringham pourrait jouer ce rôle, offrant à la fois connaissance du club et légitimité auprès des joueurs.
Le mercato de janvier : un test capital
La fenêtre estivale a laissé des traces. Les supporters reprochent au board un manque d’audace, et les manques criants se sont fait sentir sur le plan offensif notamment. Nancy a identifié des priorités claires : un attaquant de premier plan pour améliorer la finition et deux ailiers pour dynamiser les flancs. Le nom d’un buteur de MLS circule comme piste prioritaire — un profil que Nancy connaît bien — mais ramener une recrue capable d’assumer immédiatement les responsabilités en Europe demandera des moyens financiers et une gestion fine du marché hivernal, souvent moins propice aux bonnes affaires.
Réparer le lien entre fans et direction
La relation entre la base sociale et la direction est au bord de la rupture : désaccords sur le recrutement, frustration accumulée après des assemblées générales houleuses et la question sensible de l’interdiction de groupes ultras comme la Green Brigade. Nancy incarne une opportunité pour apaiser les tensions. En outsider, il peut jouer le rôle de médiateur neutre, écouter les doléances et proposer un projet incluant transparence sportive et ambition affichée. Mais cela nécessite des gestes concrets de la direction : investissements visibles, communication maîtrisée et respect des traditions du club. Sans cela, même les succès sportifs risquent d’être insuffisants pour éteindre la colère.
Les priorités sportives immédiates
L’enjeu du calendrier pour Nancy
Nancy débarque dans une période où chaque rencontre compte. Il aura peu de temps pour imprimer ses idées avant d’affronter Hearts puis la Roma en Europa League, des rendez-vous qui serviront de véritables tests. S’imposer rapidement serait bénéfique : trois victoires en trois matches suffiraient à gagner la confiance des supporters et des dirigeants. À l’inverse, un démarrage poussif risquerait de réveiller les critiques et de compliquer la suite civile de son projet.
Réorganiser le vestiaire et responsabiliser les cadres
Martin O’Neill a stabilisé l’ambiance mais Nancy devra tatouer son autorité tout en respectant les leaders du groupe. Il faudra sans doute redistribuer des responsabilités, donner des repères tactiques clairs et fixer des standards de préparation physique et mentale. Trouver le juste équilibre entre fermeté et confiance sera déterminant pour que les cadres embarquent le reste de l’effectif, notamment dans les périodes de stress compétitif.
Objectif titre : la seule vraie mesure
Pour Celtic, tout se mesure au titre de champion d’Écosse. Les supporters jugeront la saison à l’aune de cet objectif. Nancy sait que la moindre hésitation peut coûter cher : il doit à la fois préserver l’avantage acquis (jeu de points serré avec Hearts) et instaurer une dynamique qui éloigne la lutte jusqu’aux dernières journées. Si Nancy parvient à maintenir la cadence et à ajouter de la profondeur d’effectif en janvier, il pourra légitimement prétendre à offrir à Parkhead un sacre qui scellerait son acceptation définitive.
Les défis à court terme
La nomination de Wilfried Nancy est une page nouvelle pour Celtic. Son succès dépendra de sa capacité à conjuguer savoir-faire tactique, relations humaines et influence sur la stratégie de recrutement. Les prochains matchs et la fenêtre hivernale feront office de juge : ils diront si ce pari est audacieux et gagnant ou simplement risqué.
